Where do we go now but nowhere ?

il est certain que pour moi à présent le plus difficile sera de transformer mère thérésa en amoureux transi. et je compte bien m'y employer. mais jusqu'à présent j'étais plus concentré sur l'état de fragilité d'I. état qui aux dernières nouvelles me semble toujours aussi inquiétant puisque vendredi soir à l'étude en discutant avec une élève d'I. j'ai appris que la journée avait été particulièrement chaude dans sa classe. alors l'amoureux transi se sent un peu mal à l'aise à l'idée de rentrer en scène car mère thérésa n'a pas terminé son travail (mais veut-elle encore le faire ?)

mardi soir I. tenait sa réunion de parents (présentation aux parents de la classe, du programme). elle était très angoissée. comme depuis deux jours. lorsque je vais lui dire vers 5h que je m'en vais et que je lui souhaite bonne chance, elle me fait clairement sentir que si je m'en vais maintenant elle me tuera avant la fin de la semaine. je m'exécute donc et reste avec elle jusqu'à l'arrivée des parents, tentant de la détendre, lui donnant les derniers conseils.

il faut quand même voir que nous sommes sur notre lieu de travail et que les journées sont pas mal chargées. par exemple moi tout au long de la journée je n'ai qu'une heure de liberté et encore comme je passe cette heure dans l'école, elle se limite parfois à quinze minutes pour manger. là on se croise régulièrement mais nous sommes rarement seuls. il ne reste plus que le soir pour se voir mais moi je fais l'étude et elle, elle sombre sous les corrections et les préparations. et après 6h nos vies personnelles reprennent souvent le dessus. mais par exemple mardi nous sommes restés jusqu'à 8h à l'école. d'abord je suis allé la voir à 5h. sa première parole fut de me dire que nous ne nous étions pas vus hier. ensuite comme c'était le jour de ma fête elle fut l'antépénultième à me la souhaiter, après les enfants et quelques instits et avant mes sœurs. puis à 6h nous sommes montés voir deux autres instits (une nouvelle et un nouveau. je m'entends très bien avec ce dernier car il écoute les mêmes musiques que moi) et nous avons bavardés jusqu'à 8h. le pire c'est qu'après je devais rentrer à vélo et que mes lumières ne marchaient pas.

lundi matin alors que je marche vers la salle des maîtres en me retournant pour regarder un enfant qui m'appelle à travers la porte d'entrée nous manquons de nous télescoper alors qu'elle sort des toilettes. comme d'habitude son bonjour est accompagné d'un sourire à faire fondre... moi et mes doutes perpétuels.

aujourd'hui et ce soir particulièrement les choses se sont accélérées. nous sommes restés deux heures à discuter après l'étude et pour la première fois nous n'avons absolument pas parlé de boulot. je suis dans un état bizarre. j'ai le sentiment que c'est elle mais en même temps je n'arrive pas à écarter l'idée que je la rencontre quelques années trop tard. mais bon à présent je suis en week-end et nous nous sommes donnés rendez-vous pour lundi midi, puis je dois aller dans sa classe mardi. nous nous créons l'un et l'autre des prétextes pour être ensemble. il nous reste à déterminer ce que l'on veut réellement faire l'un avec l'autre. moi je vais juste essayer de faire attention à ne pas devenir le jouet d'une autre instit.  je t'embrasse. P.

Mais bon à présent je suis dans l’œil du cyclone et je ne de devrais pas trop réfléchir. Il faudrait que j'arrête de me demander pourquoi tout s'accélère autour de moi après des mois de sommeil, pourquoi mes amies sont, au moment où j'en ai le plus besoin, toutes absolument charmantes avec moi, pourquoi elle m'apparaît à la fois parfaitement idéale et terriblement décalée. Enfin est-ce qu'un jour j'apprendrai à me consumer à petit feu au lieu de m'enflammer comme un moine tibétain qui s'immole par le feu. Quelle liberté est-ce que je recherche pour me sacrifier ainsi ?...

je sens que je ne vais pas pouvoir m'en empêcher pourtant je suis quasiment persuadé que je ne devrais pas. déjà elle est instit (mais débutante !) et je vais devoir travailler une année entière avec elle (peut être !). si ça se passe mal je sais ce que ça donne (l'envie d'écrabouiller ma tête contre le premier mur venu !).

tes vacances sont-elles terminées. moi je suis en pré-rentrée depuis deux jours et je désespère de voir arriver les enfants. l'équipe de l'école est inchangée (même si on prévoit l'arrivée de trois nouvelles instits) et l'ambiance toujours aussi lourde.

Tu parviens même à être plus cynique que moi. Si tu avais été à Chamonix tu aurais vu T. qui s'inquiète autant que moi pour toi. Je ne comprends pas et je sais bien que je ne te suis d'aucune aide lorsque je dis ces choses là.