Where do we go now but nowhere ?

Mais bon à présent je suis dans l’œil du cyclone et je ne de devrais pas trop réfléchir. Il faudrait que j'arrête de me demander pourquoi tout s'accélère autour de moi après des mois de sommeil, pourquoi mes amies sont, au moment où j'en ai le plus besoin, toutes absolument charmantes avec moi, pourquoi elle m'apparaît à la fois parfaitement idéale et terriblement décalée. Enfin est-ce qu'un jour j'apprendrai à me consumer à petit feu au lieu de m'enflammer comme un moine tibétain qui s'immole par le feu. Quelle liberté est-ce que je recherche pour me sacrifier ainsi ?...

"Je semble bien plus apprécié que je ne le laisse entendre" dis-tu. Si tu savais à quel point je suis surpris de faire la liste des gens avec qui je m'entends plus que bien et de voir que cette liste est assez longue et que ces relations m'apparaissent toutes sincères. En dehors de toi qui m'offre le plaisir de lire mes tergiversations, il y a S., ma confidente (lorsqu'on se téléphone c'est minimum 1h voire 2 au grand désespoir de son mari), Sr, mon amoureuse-amie (pour moi c’est une boutade car en dehors de notre relation amicale elle ne me fait aucun effet. pour elle je crains que non !), L., mon amie trop lointaine (elle est retournée habiter à toulouse après deux années durant lesquelles elle a souvent été présente lorsque j'avais besoin d'elle), Sy, ma petite maman (une instit dont je serais certainement follement amoureux si elle avait 20 ans de moins. comme ça n'est pas le cas elle me donne surtout des conseils judicieux sur la vie et surtout sur les erreurs à ne pas commettre tout en sachant préserver une révolte réjouissante), C, prof de musique qui a souvent été ma soupape de sécurité lorsque je ne pouvais plus voir les instits. Ces personnes sont les seules avec qui j'entretiens des relations en dehors de l'école. Après il reste quand même pas mal de personnes que je ne côtoie qu'à l'école et qui semble bien m'apprécier comme les membres du rased, les conseillères pédagogiques et une ou deux instits ainsi que la bibliothécaire et l'intervenant sport que d'ailleurs je vois aussi en dehors du boulot).

Je dois t'avouer que je suis impressionné moi-même et si I. ne devient pas la femme de ma vie comme me l'a prédit S., elle m'aura au moins donné l'occasion de m'apercevoir que je suis apprécié et même parfois aimé par les gens qui gravitent autour de moi. et je ne te parle pas de ma nièce que j'ai vue hier soir et qui m'adore. nah !

 je t'embrasse. P.

à K, Objet : embellie

jeudi 20 septembre : lorsque je m'apprête à ouvrir sa porte pour aller chercher ses enfants je la vois apparaître et ma main reste en suspend à la hauteur de la poignée de sa porte qui s'est dérobée à moi sous son  action à elle. Son sourire me rend heureux même si je sais que je ne dois pas m'arrêter à ces coïncidences. Je suis triste aussi. Comment vais-je me sortir de ce rôle de bon samaritain. J'essaye d'adopter une attitude "comme si de rien n'était" pas très convaincante.

D'autant plus qu'aujourd'hui encore je vais beaucoup l'aider même si cette fois mon intervention sera moins directe : à midi j'apprends que les évaluations ce2 ont tourné à la blague dans sa classe grâce à une crise de N. (enfant surdoué ayant sauté deux classes) et en présence de P. (responsable du réseau d'aide aux enfants en difficultés rattachée à l'école et bonne amie à moi) qui aurait fortement signifié qu'elle trouvait stupide qu'on laisse N. dans la classe d'une débutante...

Si bien qu'à 13h30 je passe au Rased pour donner mon sentiment sur le sujet. Par bonheur mon avis ici bénéficie d'un minimum de poids et est-ce qu'il y a une relation de cause à effet je ne le sais pas mais à la récré j'apprends qu'une réunion a été organisée pour le cas de Nicolas dès demain et que j'y suis convié. D'une pierre deux coups : je l'aide, elle, et je fais chier la directrice. 

vendredi : depuis quand n'ai-je pas été impatient de me rendre au travail ? ce matin je pars à 7h30 avec mon vélo. Il fait doux et les jambes ne sont pas dures. En arrivant je vais parler à St qui me raconte qu'I est venue lui parler hier soir comme je lui avais conseillé et que ça s'est terminé dans les larmes.

Je la croise en salle des maîtres durant la récré et rapidement nous faisons abstraction des gens qui nous entourent, elle, me parlant de ses difficultés persistantes, moi, cherchant en vain les arguments qui retiendront ces larmes qui partent à l'assaut de ses yeux sans la vaincre cette fois. elle me dit qu'elle ne parvient pas à contacter J. (conseillère pédagogique) et je lui propose d'essayer d'activer leur rencontre.

après la récré je me rends à l'inspection et use de mon influence (que je découvre à ma grande surprise assez importante) auprès de M. (deuxième conseillère pédagogique) pour faire venir J. le plus tôt possible à l'école (en tout cas avant le 15 octobre, date prévue pour sa visite à I.).

à 11h30 je rentre rapidement à l'école pour la réunion. tout le monde est à l'heure sauf la directrice que l'on doit aller chercher après une demi-heure d'attente (évidemment puisqu'elle craint que N. soit changé de classe et qu'il atterrisse dans la sienne puisqu'elle c'est elle qui a l'autre ce2). la réunion est un vrai bonheur. non seulement on trouve des solutions pour N (il viendra deux fois par semaine avec moi, il ira en sport trois fois par semaine avec les cp) mais en plus P. insiste sur le fait que la classe d'I est bizarrement faite (silence de la directrice).

je vais aussi remarquer une chose étrange pendant cette réunion : à chaque fois que les personnes présentes donnent des conseils à I, elle me regarde en me faisant remarquer que je lui ai déjà donné ces mêmes conseils. ça y est je me suis laissé bouffé par ce système que je n'ai de cesse de critiquer...

à la récré de l'après midi j'apprends par I. que J. viendra finalement la visiter... ce soir ! à 16h30. lorsque je partirai à 18h après l'étude elles y seront encore. moi je suis en week-end. 

conclusion provisoire : à l'heure actuelle je pense qu'I. me considère plus comme celui qui lui a tendu la main au moment où il le fallait. pas plus. pas moins. de mon côté j'ai trouvé mon avantage dans toutes les actions que j'ai mené : j'ai aidé une personne touchante, fragile et belle, j'ai constaté que certaines personnes influentes prenaient mon avis en considération et j'ai fait chier la directrice.

j'ai hâte de connaître la suite de l'histoire. même si je ne sais pas de quelle sorte d'histoire on parle. pour l'instant on peut estimer qu'on a fait connaissance et que je bénéficie d'une certaine confiance de sa part. C'est déjà ça. C'est presque rien. C'est tout déjà. Il existe entre nous, ça c'est certain, un lien.