Where do we go now but nowhere ?

il est certain que pour moi à présent le plus difficile sera de transformer mère thérésa en amoureux transi. et je compte bien m'y employer. mais jusqu'à présent j'étais plus concentré sur l'état de fragilité d'I. état qui aux dernières nouvelles me semble toujours aussi inquiétant puisque vendredi soir à l'étude en discutant avec une élève d'I. j'ai appris que la journée avait été particulièrement chaude dans sa classe. alors l'amoureux transi se sent un peu mal à l'aise à l'idée de rentrer en scène car mère thérésa n'a pas terminé son travail (mais veut-elle encore le faire ?)

je suis un peu prisonnier de la situation. mais je ne la considère pas encore comme impossible. je reste curieux de l'avenir.

lundi matin : j'ai décidé de mettre un peu de distance entre elle et moi. pour me préserver. pour ne pas l'encombrer d'un souci de plus. j'arrive tôt pour ne pas la croiser au portail où elle est de service. lorsque dans la matinée alors que je cours je ne sais plus où j'entends sa voix derrière qui m'appelle je continue ma route sans rien entendre sinon ma propre voix qui me dit "enfoiré". à la récré elle m'intercepte dans l'escalier alors que je parle avec P., elle me demande quelque chose, je lui réponds que oui bien sûr puis je fais celui qui est vachement occupé ("lâche"). à midi elle réitère sa demande. je m'arrête et lui confirme que je suis d'accord puis  je fais demi tour et vais me réfugier dans ma salle ("tu ne vois pas qu'elle ne comprend rien à ton changement d'attitude connard. un peu de distance ? tu la méprises complètement ouais !")

en début d'après-midi alors que je remonte dans ma salle je la croise dans l'escalier. elle est en train de courir après G. un enfant sympa mais qui lorsque les choses ne vont pas comme il veut pète les plombs. j'intercepte G et propose à I. de le prendre 5 minutes avec moi. je discute vingt bonnes minutes avec lui et ensuite je le ramène chez elle où il va se comporter très bien durant toute l'après midi.

à 16h30 alors que je redescends les cp j'entends des cris dans le couloir d'I. deux de ses enfants se battent tandis que les autres les encouragent. voyant que l'instit qui remplace S. aujourd'hui intervient, je préfère m'abstenir (de la distance j'avais dit). ensuite je discute jusqu'à 17h avec St et V. mais tout autour de moi il y a ses bruits qui me parviennent (tout le monde parle d'I et de sa journée d'enfer...). si bien que je n'y tiens plus et je jette aux orties les idées du style fais gaffe à toi, elle va te tuer la tête... et je la cherche dans toute l'école. sans aucune discrétion. je la retrouve en salle photocopie et -désolé mais- elle m'accueille avec un grand sourire soulagé. me dit que sa journée a été un enfer (sans blagues). surtout qu'en plus elle pensait que je lui faisais la gueule (vas-y dis lui que tu essayais simplement de mettre un peu de distance entre elle et toi pour ne pas complètement tomber amoureux d'elle, pour te préserver). et moi je lui réponds que non vraiment je ne sais pas pourquoi elle pense ça, donnant des excuses toutes plus nulles les unes que les autres à ma fuite perpétuelle durant la journée.

je la récupère encore une fois au bord des larmes (j'ai même l'impression que c'est pire que d'habitude) (ce que je n'aime pas ça lorsqu'elle perd son regard dans le vide) (mais est-ce qu'il n'est pas plus dangereux, son regard, lorsqu'elle le plonge dans le tien la seconde d'après). Nous discutons jusqu'à 7h et je la quitte avec un léger sourire sur ses lèvres. je la supplie encore une fois d'être forte alors qu'elle plie sous mes yeux. je suis piégé : je n'ai pas le droit de l'aimer (je pense) mais je ne peux pas l'abandonner. si je ne veux pas être un enfoiré je dois continuer à la soutenir. et tant pis pour moi.

mardi matin : nous arrivons ensemble à l'école. elle m'offre son premier sourire de la journée. une journée durant laquelle nous n'allons pas cesser d'être ensemble. à midi elle vient en salle info taper à l'ordi, à la récré je rattrape une nouvelle fois G., puis elle m'envoie deux de ses gamins en punition. nous sommes revenus dans le même schéma. nécessaire (pour elle) et dangereux (pour moi).

dans l'après-midi S. qui est venue faire du sport à l'école me dit que j'aurais dû lui dire :(remember (vas-y dis lui que tu essayais simplement de mettre un peu de distance entre elle et toi pour ne pas complètement tomber amoureux d'elle, pour te préserver)).

le soir St. me dit la même chose. Sr également. et moi la seule chose que je fais c'est que ce soir je ne la cherche pas. je reste à discuter avec mes copines qui me disent qu'elle voyait venir la chose depuis longtemps.

je sais que jeudi je ne vais pas arrêter de la voir et vendredi aussi (l'après-midi le ciné. le soir le repas). puis nous serons en vacances. on pourra réfléchir. trouver une solution. ou déprimer.

à S.              Objet : dure journée... mais pas complètement mauvaise

après être passé chez toi, de retour dans l'école je vois arriver une enfant d'I qui me demande de venir chercher G. en classe car il refuse de venir chez moi en punition. je vais le chercher et remarque qu'I est déjà dans un état pitoyable à 9h30 du matin. je prends G. avec qui je vais passer 3/4h pour finir par le faire admettre qu'I. avait raison de le punir.

à 11h30 alors que je m'apprête à prendre les enfants en atelier internet une enfant d'I vient me chercher en courant. elle a perdu N. alors qu'elle le raccompagnait au portail avec les autres il s'est volatilisé. on le retrouve finalement suspendu à une grille en dehors de l'école.

heure de repas. heure de repos. la tête ailleurs. malgré ta présence. désolé.

à 13h30 on s'apprête à partir au ciné. lorsque j'arrive chez I. elle me confie deux enfants à emmener en punition en bibliothèque (ils sautaient sur les tables). j'y vais. les enfants pleurent. mais je les connais assez bien pour savoir qu'il y a 90% de comédie dans cette attitude. en repartant la nouvelle membre du rased que je connais très peu car je ne l'ai vue que deux fois dans l'école depuis le début de l'année me demande ce qu'il se passe. elle me dit alors qu'on a pas le droit, que c'est trop dur, etc, etc.. venant d'une personne qui ne connaît pas ces enfants, qui ne sait pas que depuis le début de la semaine ils ont été punis au moins une fois par jour, je trouve ça carrément déplacé et je lui dis bien clairement mais en même temps je ne suis pas du genre à régler mes comptes avec les adultes devant les enfants et surtout j'estime que la décision ne m'appartient pas. c'est I. qui doit décider. et malheureusement elle n'a toujours pas assez confiance en elle pour rester sur sa position et donc elle cède. nous partons au cinéma avec les enfants punis et je rentre dans une rage folle (intérieure !)

arrivés au ciné I. s'aperçoit que dans la confusion elle a oublié son chéquier. on demande aux deux autres instits qui sortent des excuses vaseuses. par chance j'ai ma CB avec moi et paye. 1h30 de petit poucet dont 1h passée à essayer de me calmer.

en rentrant à l'école on trouve les CM2 dans la cour qui organisent un défilé Halloween. je dis à I. de ne pas rentrer en classe et de regarder le défilé. rapidement on apprend qu'après notre départ un souffle de révolte s'est abattu sur l'école. les instits ont pris notre défense. attaquant la membre du rased (les cris d'A. au rez-de-chaussé s'entendaient jusqu'au 2ème étage). V. lui aussi me dit que nous étions tout à fait dans notre droit et qu'il est très déçu par l'attitude de sa collègue. cette dernière vient nous voir, I. et moi, essaye de justifier l'injustifiable, je lui dis ce que je pense d'elle et de son absence totale de respect pour le travail des autres, I., à ma grande surprise, s'y met aussi.

avant l'étude on se retrouve tous sous le hall. je crois que c'est la première fois depuis le début de l'année et depuis longtemps que je vois toute l'équipe allant dans le même sens. le notre, à I. et moi. pendant l'étude que je fais avec L. il me demande si je suis avec I. ! il me dit qu'il est très fort pour voir les choses et il m'assure que l'attitude d'I. lui montre à quel point elle tient à moi.

après l'étude je retrouve I. dans sa salle. elle est avec St. elles rangent sa salle. I. est très détendue. nous sommes en vacances. lorsque je pars elle m'accompagne et me bouscule pour jouer dans les escaliers avec les cartons que nous descendons aux poubelles. nous nous quittons sur le trottoir presque à regret.

douche. longue. calme. et le chaos dans ma tête. maintenant c'est l'heure du restau. alors première chose son copain ne m'impressionne pas du tout. je ne peux pas te dire si c'est un mec bête con ou chiant, je ne l'ai pas entendu dire trois mots. on était chacun à un bout d'une table de 15 personnes. c'était bien pour moi par rapport à lui mais bon I. était à côté de lui. mais en fait le vrai problème durant ce repas c'est moi. ou plutôt ma santé. est-ce le fait de la tension accumulée durant toute la journée, de la fumée des cigarettes, de mon refus d'aller voir le médecin, je ne sais pas, mais toujours est-il qu'au fil du repas je vais me mettre à tousser de plus en plus, à avoir chaud (puis froid) et à attraper la voix de barry white. si bien que je suis même obligé de quitter tout le monde avant la fin. déçu mais content quand même ; finalement.